Lagarce, Juste la fin du monde – La colère d’Antoine (partie 2, scène 2)

Antoine. – Suzanne, j’ai dit que je l’accompagnais,
tout est réglé mais elle veut à nouveau tout changer,  
tu es impossible,  
il veut partir ce soir et toi tu répètes toujours les mêmes choses,  
il veut partir, il part,  
je l’accompagne, on le dépose, c’est sur notre route,  
cela ne nous gênera pas. 
Louis. – Cela joint l’utile à l’agréable.  
Antoine. – C’est cela, voilà, exactement,  
comment est-ce qu’on dit ? 
« d’une pierre deux coups ». 
Suzanne. – Ce que tu peux être désagréable,  
je ne comprends pas ça, 
tu es désagréable, tu vois comme tu lui parles,  
tu es désagréable, ce n’est pas imaginable.
Antoine. – Moi ? 
C’est de moi ? 
Je suis désagréable ? 
Suzanne. – Tu ne te rends même pas compte,  
tu es désagréable, c’est invraisemblable,  
tu ne t’entends pas, tu t’entendrais… 
Antoine. – Qu’est-ce que c’est encore que ça ? 
Elle est impossible aujourd’hui, ce que je disais,  
je ne sais pas ce qu’elle a après moi,  
je ne sais pas ce que tu as après moi,  
tu es différente.  
Si c’est Louis, la présence de Louis,  
je ne sais pas, j’essaie de comprendre,  
si c’est Louis, 
Catherine, je ne sais pas, 
je ne disais rien,  
peut-être que j’ai cessé tout à fait de comprendre,  
Catherine, aide-moi,  
je ne disais rien,  
on règle le départ de Louis,  
il veut partir,  
je l’accompagne, je dis qu’on l’accompagne, je n’ai rien dit de plus,  
qu’est-ce que j’ai dit de plus ? 
Je n’ai rien dit de désagréable,  
pourquoi est-ce que je dirais quelque chose de désagréable,  
qu’est-ce qu’il y a de désagréable à cela,  
y a-t-il quelque chose de désagréable à ce que je dis ? 
Louis ! Ce que tu en penses,  
j’ai dit quelque chose de désagréable ? 

Ne me regardez pas tous comme ça !