Marot – «Du beau tétin»

Tétin refait plus blanc qu’un œuf,
Tétin de satin blanc tout neuf,
Tétin qui fais honte à la rose,
Tétin plus beau que nulle chose!
Tétin dur, non pas tétin, voire,
Mais petite boule d’ivoire,
Au milieu duquel est assise
Une fraise, ou une cerise,
Que nul ne voit, ne touche aussi.
Mais je gage qu’il est ainsi. 
Tétin donc au petit bout rouge,
Tétin qui jamais ne se bouge,
Soit pour venir, soit pour aller,
Soit pour courir, soit pour baller
Tétin gauche, tétin mignon,
Toujours loin de son compagnon,
Tétin qui portes témoignage 
Du demeurant du personnage. 
Quand on te voit, il vient à maints 
Une envie dedans les mains 
De te tâter, de te tenir. 
Mais il se faut bien contenir 
D’en approcher, bon gré ma vie,
Car il viendrait une autre envie. 
Ô tétin ni grand, ni petit, 
Tétin mûr, tétin d’appétit,
Tétin qui nuit et jour criez:
«Mariez-moi tôt, mariez!»
Tétin qui t’enfles et repousses 
Ton gorgerin de deux bons pouces!
À bon droit heureux on dira 
Celui qui de lait t’emplira, 
Faisant d’un tétin de pucelle 
Tétin de femme entière et belle!