Le registre fantastique

Étymologie:

Le mot «fantastique» vient du bas latin phantasticus emprunté au grec phantastikos qui signifie «imaginaire, irréel». (source: Trésor de la Langue française informatisé)

Définition:

Le registre fantastique représente l’intrusion d’évènements surnaturels dans un monde réaliste. À la fin, le lecteur reste dans le doute et ne peut pas réellement trancher en faveur d’une explication rationnelle ou irrationnelle des faits.

Caractéristiques d’écriture:

Genres privilégiés:

  • Le roman;
  • La nouvelle.

Exemples:

  • Maupassant, Le Horla

Le narrateur de ce récit se sent persécuté par une présence qui lui est imperceptible, mais dont il est persuadé de l’existence réelle, notamment par des manifestations particulières qu’il perçoit lors d’expériences qu’il fait pour comprendre ce dont il s’agit.

août. — Cette fois, je ne suis pas fou. J’ai vu… j’ai vu… j’ai vu!… Je ne puis plus douter… j’ai vu!… J’ai encore froid jusque dans les ongles… j’ai encore peur jusque dans les moelles… j’ai vu!…

Je me promenais à deux heures, en plein soleil, dans mon parterre de rosiers… dans l’allée des rosiers d’automne qui commencent à fleurir.

Comme je m’arrêtais à regarder un géant des batailles, qui portait trois fleurs magnifiques, je vis, je vis distinctement, tout près de moi, la tige d’une de ces roses se plier, comme si une main invisible l’eût tordue, puis se casser comme si cette main l’eût cueillie! Puis la fleur s’éleva, suivant la courbe qu’aurait décrite un bras en la portant vers une bouche, et elle resta suspendue dans l’air transparent, toute seule, immobile, effrayante tache rouge à trois pas de mes yeux.

Éperdu, je me jetai sur elle pour la saisir! Je ne trouvai rien; elle avait disparu. Alors je fus pris d’une colère furieuse contre moi-même; car il n’est pas permis à un homme raisonnable et sérieux d’avoir de pareilles hallucinations.

Mais était-ce bien une hallucination? Je me retournai pour chercher la tige, et je la retrouvai immédiatement sur l’arbuste, fraîchement brisée, entre les deux autres roses demeurées à la branche.

Alors, je rentrai chez moi l’âme bouleversée; car je suis certain, maintenant, certain comme de l’alternance des jours et des nuits, qu’il existe près de moi un être invisible, qui se nourrit de lait et d’eau, qui peut toucher aux choses, les prendre et les changer de place, doué par conséquent d’une nature matérielle, bien qu’imperceptible pour nos sens, et qui habite comme moi, sous mon toit…

  • En quoi cet extrait relève-t-il du registre fantastique?
    Dans cet extrait, le narrateur assiste à la manifestation de cet être invisible qui cueille une rose dans son propre jardin. Le narrateur est sûr de ce qu’il voit, mais en vient à douter de lui-même. Pour s’assurer qu’il n’est pas fou, il va vérifier et observe qu’une rose vient bien d’être cueillie, alors qu’il est seul. Il est donc convaincu de ce qu’il a vu. On est bien en présence d’un extrait fantastique, car on hésite entre la version du narrateur qui est irrationnelle, mais dont les manifestations sont bien réelles, et le fait que le narrateur ait pu être sujet à une hallucination. Le narrateur est le seul témoin de ce qu’il raconte: personne ne peut donc le contredire, ce qui renforce le doute entre les deux versions.