Étymologie:
Le mot «burlesque» est emprunté à l’italien burlesco qui signifie «burlesque», lui-même dérivé de burla signifiant «farce». (source: Trésor de la Langue française informatisé)
Définition:
Le registre burlesque vise à susciter le rire du lecteur en présentant un sujet sérieux de façon familière ou triviale.
Caractéristiques d’écriture:
- Personnification;
- Hyperbole;
- Registre de langue familier.
Genres privilégiés:
- La comédie;
- La farce.
Exemples:
- Meilhac et Halévy, La Belle Hélène, «Acte I, scène 11»
Mon premier se donne au malade…
Mon deuxième, c’est vous ou moi…
Le troisième de ma charade
Convient aux gens de qui l’emploi
Est d’aller, quand la nuit arrive,
Partout ramasser les haillons,
Les chiffons.
Où manque l’air absolument.
Mon tout par les chemins s’en va comme le vent.
J’ai dit.
AGAMEMNON. Comment expliquez-vous?… âne, d’abord?
Convient aux gens de qui l’emploi
Est de ramasser les chiffons…
.
- En quoi cet extrait relève-t-il du registre burlesque?
Dans cet extrait d’opérette créée à la fin du XIXe siècle, les rois de la Grèce antique participent à un concours d’intelligence organisé par Agamemnon. Ils doivent donc trouver la solution à une charade lue par Ménélas. Aucun des rois ne trouve la bonne réponse. C’est finalement le berger Paris qui triomphe. Ici, on trouve une parodie de la mythologie antique. Les rois Grecs, qui sont censés s’occuper de politique, s’amusent à jouer à des devinettes, dont la réponse est un moyen de transport qui n’existait même pas à cette époque. Le registre burlesque est donc bien présent dans cet extrait.
- Rabelais, Gargantua, «Chapitre VI: Comment Gargantua naquit d’une façon bien étrange» (translation en français moderne de Guy Demerson)
Par suite de cet accident, les cotylédons de la matrice se relâchèrent au-dessus, et l’enfant les traversa d’un saut; il entra dans la veine creuse et, grimpant à travers le diaphragme jusqu’au-dessus des épaules, à l’endroit où la veine en question se partage en deux, il prit son chemin à gauche et sortit par l’oreille de ce même côté.
Sitôt qu’il fût né, il ne cria pas comme les autres enfants: «Mie! mie!», mais il s’écriait à haute voix: «À boire! à boire! à boire!» comme s’il avait invité tout le monde à boire, si bien qu’on l’entendit par tout le pays de Busse et de Biberais. J’ai bien peur que vous ne croyiez pas avec certitude à cette étrange nativité. Si vous n’y croyez pas, je n’en ai cure, mais un homme de bien, un homme de bon sens, croit toujours ce qu’on lui dit et ce qu’il trouve dans les livres. Est-ce contraire à notre loi et à notre foi, contraire à la raison et aux Saintes Écritures? Pour ma part, je ne trouve rien d’écrit dans la sainte Bible qui s’oppose à cela. Mais si telle avait été la volonté de Dieu, prétendriez-vous qu’il n’aurait pu le faire? Ah! de grâce, ne vous emberlificotez jamais l’esprit avec ces vaines pensées, car je vous dis qu’à Dieu rien n’est impossible et que, s’il le voulait, les femmes auraient dorénavant les enfants de la sorte, par l’oreille.
Bacchus ne fut-il pas engendré par la cuisse de Jupiter?
Rochetaillée ne naquit-il pas du talon de sa mère?
Croquemouche de la pantoufle de sa nourrice?
Minerve ne naquit-elle pas du cerveau de Jupiter, par l’oreille?
Adonis par l’écorce d’un arbre à myrrhe?
Castor et Pollux de la coquille d’un œuf pondu et couvé par Léda?
Mais vous seriez bien davantage ébahis et abasourdis si je vous exposais à présent tout le chapitre de Pline où il parle des enfantements étranges et contre nature; malgré tout, je ne suis pas un menteur aussi avéré que lui. Lisez le septième livre de son Histoire naturelle, chapitre III, et ne m’en tracassez plus le cerveau.
- En quoi cet extrait relève-t-il du registre burlesque?
Dans cet extrait, Rabelais raconte la naissance extraordinaire de Gargantua, qui finit par naître de l’oreille de sa mère à cause de la constipation de cette dernière. Il tente donc de tourner en dérision les croyances en comparant cette naissance à la fois à des passages de la mythologie (comme la naissance de Bacchus, de Minerve, d’Adonis ou encore de Castor et Pollux) et à des héros de fiction inventés de toute pièce (comme Rochetaillée ou Croquemouche). Il fait également référence à un ouvrage scientifique rédigé par Pline. Le côté burlesque de ce passage réside dans la dérision qu’il fait de thèmes sérieux et le fait de mélanger croyances, sciences, et fiction pour justifier de la véracité de la naissance de son héros.