Le registre merveilleux

Étymologie:

Le mot «merveilleux» vient du latin mirabilia qui signifie «merveilleux». (source: Dictionnaire de l’Académie française)

Définition:

Le registre merveilleux consiste à raconter des faits surnaturels dans un monde surnaturel. Le lecteur accepte dès le départ que le cadre ne soit pas réaliste. Le récit merveilleux met donc en scène des personnages qui possèdent des pouvoirs magiques et qui n’appartiennent pas à un monde réaliste (fée, sorcière, ogre, animaux qui parlent…).

Caractéristiques d’écriture:

Genres privilégiés:

  • Le conte de fées;
  • Le conte philosophique;
  • La fable.

Exemples:

  • La Fontaine, Fables, «La Cigale et la Fourmi»

La cigale ayant chanté

Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue:
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la fourmi, sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle.
Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’oût, foi d’animal,
Intérêt et principal.
La fourmi n’est pas prêteuse:
C’est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps chaud?
Dit-elle à cette emprunteuse. —
Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise. —
Vous chantiez, j’en suis fort aise!
Eh bien! dansez maintenant.

  • En quoi cet extrait relève-t-il du registre merveilleux?
    Dans cette fable, on assiste à une discussion entre une cigale et une fourmi, qui dans le monde réel, ne sont pas doués de la parole. Les fables reposent souvent sur la mise en scène d’animaux dont l’histoire aboutit à une morale. Chaque animal représente un caractère humain (le renard rusé, le lion et le loup autoritaires…). La cigale représente ici les gens qui vivent au jour le jour sans se soucier du lendemain, et s’oppose donc à la fourmi qui est prévoyante et travaille dur pour prévoir les jours difficiles. On peut noter également le caractère égoïste de la fourmi qui refuse de venir en aide à la cigale qui se retrouve dans le besoin. Le merveilleux intervient donc bien dans ce récit.
  • Perrault, Contes, «Le maître Chat ou le Chat botté»

Le maître Chat arriva enfin dans un beau château, dont le maître était un ogre, le plus riche qu’on ait jamais vu; car toutes les terres par où le roi avait passé étaient de la dépendance de ce château. Le Chat, qui eut soin de s’informer qui était cet ogre et ce qu’il savait faire, demanda à lui parler, disant qu’il n’avait pas voulu passer si près de son château sans avoir l’honneur de lui faire la révérence. L’ogre le reçut aussi civilement que le peut un ogre et le fit reposer. «On m’a assuré, dit le Chat, que vous aviez le don de vous changer en toutes sortes d’animaux; que vous pouviez, par exemple, vous transformer en lion, en éléphant. — Cela est vrai, répondit l’ogre brusquement, et, pour vous le montrer, vous m’allez voir devenir lion.» Le Chat fut si effrayé de voir un lion devant lui, qu’il gagna aussitôt les gouttières, non sans peine et sans péril, à cause de ses bottes, qui ne valaient rien pour marcher sur les tuiles.

Quelque temps après, le Chat, ayant vu que l’ogre avait quitté sa première forme, descendit et avoua qu’il avait eu bien peur. «On m’a assuré encore, dit le Chat, mais je ne saurais le croire, que vous aviez aussi le pouvoir de prendre la forme des plus petits animaux, par exemple de vous changer en un rat, en une souris: je vous avoue que je tiens cela tout à fait impossible. — Impossible! reprit l’ogre; vous allez voir»; et en même temps il se changea en une souris, qui se mit à courir sur le plancher. Le Chat ne l’eut pas plus tôt aperçue, qu’il se jeta dessus et la mangea.

  • En quoi cet extrait relève-t-il du registre merveilleux?

    Dans cet extrait de conte, on observe à nouveau la présence d’un animal doué de parole, ici un chat, ainsi que d’un personnage aux pouvoirs magiques, puisque l’ogre est capable de se transformer en différents animaux. Ce texte appartient donc bien au registre merveilleux.