Le commentaire littéraire

I. Qu’est-ce que le commentaire littéraire ?

Le commentaire littéraire est l’un des exercices du baccalauréat. Il consiste à proposer l’étude d’un texte à partir d’une question définie par le candidat appelée problématique, en essayant de montrer la relation entre le fond (ce dont parle le texte) et la forme (comment il en parle), de comprendre le style de l’écrivain, et d’analyser les effets produits sur le lecteur. La méthode qui suit prendra appui sur l’extrait de La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette pour l’illustrer.

II. La lecture du texte

A. Le paratexte

Le paratexte correspond à tous les éléments qui entourent le texte et qui permettent d’obtenir des informations sur le texte et son contexte. On y retrouve donc le nom de l’auteur du texte, le titre de l’œuvre dans laquelle il est paru, la date de publication, et parfois un chapeau introducteur qui permet de situer l’extrait dans son œuvre.

Il est important de tenir compte de toutes ces informations qui peuvent aider à la compréhension du texte, à éviter les contresens, à situer l’œuvre dans le temps et de la rattacher à un mouvement littéraire.

Attention: vous ne devez pas étudier le chapeau introducteur dans votre commentaire.

B. Le texte à commenter

Il est nécessaire de procéder à plusieurs lectures attentives du texte avant de commencer son étude. À la première lecture, certains aspects du texte peuvent nous échapper. Cette lecture permet de découvrir le texte, qui peut nous surprendre. C’est pourquoi une deuxième lecture donne une meilleure vision du texte. Si vous ne semblez pas bien maîtriser le texte après la deuxième lecture, il ne faut pas hésiter à relire à nouveau le texte. Ce n’est pas une perte de temps, au contraire, cela vous permettra d’en gagner lors du repérage des procédés.

III. Le travail de préparation au brouillon

A. Questions générales

L’étape suivante est de se poser des questions d’ordre général sur le texte. Il faut définir:

– Le type de texte: à quel genre le texte appartient-il? à quel mouvement appartient-il? comment est-il écrit? quel est le registre de langue dominant?

– Le contenu du texte: de quoi parle le texte? quels sont les registres littéraires présents? qui sont les personnages dont on parle? où et quand se passe l’action?…

Cet extrait de La Princesse de Clèves appartient au genre romanesque. Il a été écrit à la période classique en prose et dans un registre de langue soutenu.

Le texte évoque la rencontre entre deux personnages lors d’un bal. On y retrouve essentiellement le registre littéraire dramatique, notamment dans la façon dont la rencontre des deux personnages semble mise en scène. Les deux personnages principaux de l’extrait sont Mme de Clèves et M. de Nemours qui se voient pour la première fois. Le roi ainsi que Mme la dauphine jouent un rôle secondaire. La foule peut également être assimilée à un personnage. La scène prend place à la cour du roi Henri II, c’est-à-dire au XVIe siècle.

B. Problématique

La problématique est la question que vous allez formuler pour axer votre commentaire. Il est important de prendre le temps de la formuler correctement, car elle est le point de départ de votre travail. Si la problématique n’est pas pertinente, c’est l’ensemble de votre devoir qui en pâtira. Il est préférable de la faire commencer par «Comment», «En quoi» ou «Dans quelle mesure». Vous ne devez pas poser de question fermée (qui attendent une réponse par «oui» ou «non»).

Les qualités d’une bonne problématique :

– Elle permet de mettre en relation le style et le contenu.

– Elle concerne l’ensemble du texte commenté.

– Elle est plus générale que les axes des grandes parties du commentaire.

– Elle convient à ce texte en particulier et met en évidence son originalité.

– Elle montre que l’on a compris le sens véritable du texte, sa visée.

Les défauts d’une mauvaise problématique :

– Elle porte seulement sur les thèmes abordés ou sur la forme.

– Elle ne concerne qu’une partie du texte.

– Elle correspond à l’axe d’une partie du commentaire.

– Elle vaut pour n’importe quel texte ou pour de nombreux textes (Quel est l’intérêt de ce texte? Comment le style met-il en valeur les idées de l’auteur?)

– Elle s’en tient à une lecture évidente, superficielle, sans évoquer le but de l’auteur.

Comment Mme de La Fayette présente-t-elle le coup de foudre entre les deux personnages principaux de la scène?

C. Repérage des procédés littéraires

Il s’agit ensuite de relever les principaux procédés littéraires qui constituent le texte. Pour cela, il convient de s’intéresser à différents aspects du texte:

    • les instruments grammaticaux: le temps des verbes, les indications spatio-temporelles, les pronoms, les déterminants, les adjectifs…;
    • les instruments lexicaux: les champs lexicaux, les connotations, les registres de langue…;
    • les instruments syntaxiques: la structure du texte, la structure des phrases, la ponctuation, les types de discours (direct, indirect, indirect libre, narrativisé), le rythme des phrases, les articulations logiques, les points de vue (interne, externe, omniscient)…;
    • les instruments stylistiques: cf. les pages consacrées aux figures de style sur ce site;
    • la versification: la structure du poème, la nature des vers, l’étude des sonorités, la nature des rimes, les enjambements…

Vous pouvez utiliser des feutres fluo ou des stylos de couleurs pour repérer les procédés dans le texte.

– Pronoms personnels: au début du texte, on trouve les pronoms «il» et «elle», puis à la fin du texte le pronom «ils» pour désigner les deux personnages, Mme de Clèves et M. de Nemours.

– Champ lexical de l’apparence avec les termes et expressions «se parer», «admira», «beauté», «parure», «cherchait des yeux», «air brillant», «admiration», et 7 occurrences du verbe «voir».

– Discours direct à la fin du texte.

– Polyptotes : «se parer» / «parure» et «admira» / «admiration».

– …

D. Interprétation des procédés littéraires

Après avoir relevé les procédés, il faut en donner une interprétation afin d’expliquer l’effet recherché par l’auteur. Cette étape va permettre de déterminer les axes de lecture en regroupant les procédés dont l’interprétation est proche.

– Pronoms personnels: au début du texte, on trouve les pronoms «il» et «elle», puis à la fin du texte le pronom «ils» pour désigner les deux personnages, Mme de Clèves et M. de Nemours.
Interprétation: les deux personnages sont désignés individuellement au début du texte, puis ils fusionnent à travers le pronom personnel pluriel qui les rend comme un couple uni, inséparable.

– Champ lexical de l’apparence avec les termes et expressions «se parer», «admira», «beauté», «parure», «cherchait des yeux», «air brillant», «admiration», et 7 occurrences du verbe «voir».
Interprétation: la présence de ce champ lexical très abondant souligne à quel point l’apparence est primordiale lorsque l’on assiste à ces événements qui se déroulent à la cour du roi.

– Discours direct à la fin du texte.
Interprétation: Mme la dauphine tente de forcer la complicité entre Mme de Clèves et M. de Nemours en les forçant à se parler. On remarque leur gêne car aucun de ces deux personnages ne s’adresse à l’autre directement. Ils se servent de Mme la dauphine comme intermédiaire, et cette dernière en profite pour orienter elle-même la conversation.

– Polyptotes : «se parer» / «parure» et «admira» / «admiration».
Interprétation: les deux polyptotes insistent sur des notions propres à l’apparence. Le verbe «se parer» indique le soin que Mme de Clèves accorde à sa toilette pour paraître sous son plus beau visage lors du bal, ce qui est confirmé dès la phrase suivante par l’utilisation de son dérivé «parure» qui est lié directement au verbe «admira» comme COD, insistant sur l’effet produit par Mme de Clèves sur la foule présente. Le terme «admiration» est utilisé pour qualifier l’impression faite par Mme de Clèves sur M. de Nemours. On retrouve une seconde fois le verbe «se parer», mais cette fois-ci pour indiquer le soin que M. de Nemours a accordé à sa toilette, marquant ici un parallèle évident entre les deux personnages.

=> On perçoit que le champ lexical de l’admiration et les deux polyptotes intégreront certainement la même sous-partie étant donné la proximité de leur interprétation.

E. Axes de lecture

Les axes de lecture correspondent aux grandes parties de votre commentaire. Ils sont au nombre de deux ou de trois en fonction de votre approche du texte. Chacun d’eux doit apporter un élément de réponse à la problématique. Pour les élèves de séries générales, les axes de lecture sont à définir. Pour ceux de séries technologiques, ils sont donnés avec le sujet.

I. Un contexte ostentatoire

II. Des héros troublés

III. Une rencontre mise en scène

F. Sous-parties

Chaque axe de lecture est composé de deux ou trois sous-parties qui permettent de structurer correctement vos idées. Généralement, on commence par la sous-partie la plus évidente pour aller vers la plus complexe. Il est nécessaire de réfléchir à la pertinence de la progression de l’axe de lecture.

Chaque sous-partie s’appuie sur l’analyse d’un ou plusieurs procédés relevés précédemment.

I. Un contexte ostentatoire

A. Une scène à la cour

– …

– …

– …

B. L’importance du «paraître»

– Champ lexical de l’apparence avec les termes et expressions «se parer», «admira», «beauté», «parure», «cherchait des yeux», «air brillant», «admiration», et 7 occurrences du verbe «voir».
Interprétation: la présence de ce champ lexical très abondant souligne à quel point l’apparence est primordiale lorsque l’on assiste à ces événements qui se déroulent à la cour du roi.

– polyptotes : «se parer» / «parure» et «admira» / «admiration».
Interprétation: les deux polyptotes insistent sur des notions propres à l’apparence. Le verbe «se parer» indique le soin que Mme de Clèves accorde à sa toilette pour paraître sous son plus beau visage lors du bal, ce qui est confirmé dès la phrase suivante par l’utilisation de son dérivé «parure» qui est lié directement au verbe «admira» comme COD, insistant sur l’effet produit par Mme de Clèves sur la foule présente. Le terme «admiration» est utilisé pour qualifier l’impression faite par Mme de Clèves sur M. de Nemours. On retrouve une seconde fois le verbe «se parer», mais cette fois-ci pour indiquer le soin que M. de Nemours a accordé à sa toilette, marquant ici un parallèle évident entre les deux personnages.

– …

II. Des héros troublés

A. La surprise du coup de foudre

– …

– …

– …

B. Un effet réciproque

– Pronoms personnels: au début du texte, on trouve les pronoms «il» et «elle», puis à la fin du texte le pronom «ils» pour désigner les deux personnages, Mme de Clèves et M. de Nemours.
Interprétation: les deux personnages sont désignés individuellement au début du texte, puis ils fusionnent à travers le pronom personnel pluriel qui les rend comme un couple uni, inséparable.

– …

C. Une vision parfaite

– …

– …

– …

III. Une rencontre mise en scène

A. Une rencontre retardée

– …

– …

– …

B. Une foule spectatrice

– …

– …

– …

C. Les metteurs en scène

– Discours direct à la fin du texte.
Interprétation: Mme la dauphine tente de forcer la complicité entre Mme de Clèves et M. de Nemours en les forçant à se parler. On remarque leur gêne car aucun de ces deux personnages ne s’adresse à l’autre directement. Ils se servent de Mme la dauphine comme intermédiaire, et cette dernière en profite pour orienter elle-même la conversation.

– …

G. Conclusion

La conclusion se compose de deux parties.

La première est le bilan du commentaire. Vous devez répondre à votre problématique en prenant appui sur votre développement. Il ne s’agit pas de répéter ce qui a déjà été dit, mais de reformuler votre pensée en reprenant les grandes étapes du plan afin de conclure votre raisonnement. Vous pouvez insister sur un point du texte qui vous paraît particulièrement important.

Ainsi, Mme de La Fayette présente le coup de foudre entre les deux protagonistes de l’histoire, Mme de Clèves et M. de Nemours, de façon classique. Elle s’inscrit dans une tradition où les deux héros incarnent une forme de perfection, où leur beauté justifie leur union. L’originalité de cette scène vient du cadre dans lequel elle se déroule: la Cour lors d’un bal de fiançailles. Cela permet de placer les deux personnages dans une société où l’apparence est primordiale, ce qui occasionne leur rencontre, mais qui va également la contraindre, le couple évoluant sous les regards du roi et de la foule, qui se transforment tantôt en metteurs en scène, tantôt en spectateurs, impatients de le voir évoluer et curieux d’assister à leurs premiers pas ensemble.

La deuxième est l’ouverture. Vous devez élargir votre pensée vers un autre texte, une autre œuvre, une autre idée qui vous semble prolonger votre réflexion sur la problématique retenue. Vous devez également expliquer ce qui a motivé votre choix.

En opposition à la littérature qui les a précédés, les écrivains réalistes et naturalistes à la fin du XIXe siècle ne manqueront pas de narrer les idylles de leurs personnages principaux – c’est le cas d’Émile Zola lorsqu’il présente les amours de Gervaise Macquart, héroïne de L’Assommoir –, mais en refusant toute forme d’idéalisation qui se veut contraire selon eux à leur pacte de vraisemblabilité, se démarquant donc de l’esthétique classique défendue par Mme de La Fayette.

H. Introduction

L’introduction se fait sous forme d’entonnoir, du plus large au plus restreint. Elle est constituée de quatre parties distinctes.

La première est l’amorce. En fonction du texte que vous étudiez, vous devez présenter au choix le genre littéraire auquel appartient le texte; son mouvement littéraire; le registre littéraire dominant; le thème principal du texte. Il ne s’agit pas de faire une présentation détaillée, exhaustive sur le sujet, mais de faire entrer le lecteur dans votre devoir. Vous pouvez débuter par une citation, à condition qu’elle soit d’un réel intérêt pour la présentation du texte, et que vous expliquiez comment vous la reliez au texte.

Au XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIV, la littérature française connaît son âge d’or, que ce soit dans les genres théâtral –avec Racine et Molière–, poétique –avec Boileau–, ou romanesque –avec Mme de La Fayette. En fréquentant les différents salons littéraires, alors en vogue à cette époque, cette dernière sera l’initiatrice d’un style de roman en rupture avec l’esthétique baroque.

La deuxième est la présentation du texte. Encore une fois, vous devez être synthétique et concis, même si vous connaissez bien l’œuvre dont le texte est extrait. Vous pouvez vous aider du chapeau introducteur, mais sans le recopier.

Ainsi, l’intrigue de La Princesse de Clèves prend place dans un cadre historique, à la cour d’Henri II; l’auteure s’intéresse à la psychologie des personnages; et l’œuvre se caractérise par une forme brève et par un style recherché et soutenu. Dans cet extrait, Mme de Clèves, récemment mariée, se rend à un bal donné à la Cour lors duquel elle fait la connaissance de M. de Nemours.

La troisième partie est l’annonce de la problématique.

Il convient alors de se demander comment Mme de La Fayette présente le coup de foudre entre les deux personnages principaux de la scène.

La quatrième partie est l’annonce des axes de lecture que vous comptez suivre. Elle doit se faire sous forme de phrases entièrement rédigées et non sous forme de titres.

Tout d’abord, la rencontre des deux protagonistes se déroule dans un contexte ostentatoire; ensuite, les héros paraissent dépassés par les sentiments qui les animent; enfin, cette entrevue semble mise en scène par les personnes importantes de la Cour.

N.B.: Aucune des étapes qui précèdent ne doit être rédigée (excepté l’introduction et la conclusion, qui peuvent l’être intégralement). Il s’agit uniquement du travail préparatoire au brouillon, sous forme de plan détaillé et de notes.

Pour vous donner un aperçu de ce qu’il faut faire, les différentes parties ont été rédigées intégralement. Au brouillon, vous pouvez vous contenter de prendre des notes plus rapides sans faire de phrases pour éviter de perdre trop de temps.

IV. La rédaction du devoir

A. Développement

À partir de votre brouillon, vous pouvez désormais rédiger intégralement votre devoir, en prenant soin de développer et d’expliquer clairement tous vos propos.

B. Transitions

Entre chaque axe de lecture, vous devez rédiger un paragraphe de transition qui explique comment vous passez d’une idée à une autre.

Transition entre les parties I et II:

Mme de Clèves rencontre M. de Nemours au milieu de la noblesse de la Cour du roi. Cette circonstance particulière va les exposer aux yeux de tous, où il leur sera difficile de masquer les sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre, ce qui accentuera leur trouble.

Transition entre les parties II et III:

Toutefois, si la réunion de ces deux êtres parfaits, qui semblent faits l’un pour l’autre, dans un cadre parfait, paraît une évidence, elle semble pourtant provoquée par les personnes en présence.

C. Mise en page et présentation

Chaque paragraphe doit débuter par un alinéa.

Vous devez sauter une ou plusieurs lignes entre l’introduction et le développement, entre chaque grande partie, et entre le développement et la conclusion. Vous ne devez pas sauter de ligne au sein d’une même partie, mais vous devez aller à la ligne après chaque sous-partie.

Vous devez souligner le titre des œuvres et mettre entre guillemets les parties de cette œuvre (nouvelle, poème, chapitre…).

Les citations doivent être précises et placées entre guillemets. Elles doivent également comporter la référence de la ligne ou du vers entre parenthèses. Pour les textes versifiés, si vous citez plusieurs vers, vous avez deux possibilités:

– Respecter la mise en page du poème (vous retournez à la ligne après chaque vers);

        • Exemple:

«Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,

Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.

J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.

Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.»

– Ne pas respecter la mise en page du poème: dans ce cas, vous devez mettre une barre oblique ( / ) entre chaque vers.

        • Exemple:

«Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, / Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends. / J’irai par la forêt, j’irai par la montagne. / Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.»

D. Expression écrite

Vous devez soigner votre expression écrite (orthographe, syntaxe, ponctuation, lexique).

Vous devez utiliser un registre de langue courant.

Vous ne pouvez pas utiliser d’abréviations, sauf lorsque vous donnez une référence de ligne (l.) ou de vers (v.) après avoir cité le texte.

E. Relecture

Il est indispensable de conserver un temps (environ 15 minutes) à la relecture de votre devoir, pour corriger certaines erreurs de syntaxe et d’orthographe, et pour vous assurer de la cohérence de vos propos.

Vous pouvez accéder ici au commentaire intégralement rédigé de l’extrait de La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette.

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